Cristaux de lumières
Ce matin, dans le marais de Saône, encore... j'y reviens et je m'y arrête.
Je ne passe plus sans voir, même si avant, parfois, je regardais. Ce matin, donc, j'y étais avant l'aube. Lumière bleutée pour commencer. Et le soleil s'est levé. Lentement, touchant d'abord les cimes des arbres, jetant les oiseaux dans le ciel, puis éclairant les hautes herbes, avant de toucher le sol, celui de la tourbière gelée.
J'ai marché sur la glace. Et je me suis trouvé entouré de lumière. Emerveillé, comme un gosse. L'enfant qui reste en moi. J'avais envie d'emporter avec moi ces fleurs de givres, ces fleurs glacées, ces cristaux de lumières, ces éclats de soleil. De garder en moi cet éphémère qui dure le temps d'un lever de soleil. Ce temps qui passe. Mais je sais que je peux le retrouver demain, après-demain et tous les jours qui me restent, tant que je pourrai marcher et voir de mes yeux.
Un peu gnangnan peut être, mais je vois tant de misère humaine, je supporte tant de bêtise, de souffrance, de sang, de merde, de pisse, d'humeurs nauséabondes, de fluides corporels divers, je respire tellement d'odeurs répugnantes émanant du corps humain, que ce spectacle auquel j'ai eu le bonheur d'assister ce matin, je veux le contempler encore et encore et faire partager mon émerveillement face aux miracles de la nature. Cette nature que l'on méprise trop souvent.
Photographies non libres de droits
© 2016 Jean-Robert Longhi